Îles Similan : une fermeture annuelle pour régénérer un écrin marin menacé #
Pourquoi les îles Similan ferment-elles chaque année durant la mousson ? #
Les îles Similan ferment au public entre le 16 mai et le 14 octobre, période coïncidant avec l’arrivée de la saison des pluies (mousson d’été) sur la côte ouest de la Thaïlande. Cette fermeture saisonnière vise d’abord à protéger les visiteurs des risques accrus liés aux conditions météorologiques extrêmes, caractérisées par des vents violents, de fortes pluies et une mer souvent impraticable. De nombreux accidents nautiques ayant eu lieu par le passé, la sécurité humaine s’impose donc comme un impératif prioritaire.
- Le Département des Parcs Nationaux, de la Faune et de la Flore Sauvages – agence gouvernementale thaïlandaise – réglemente strictement l’accès durant cette période afin de prévenir les drames en mer et les sauvetages difficiles.
- En 2025, la fermeture a officiellement débuté le 16 mai, selon le directeur du parc Warawut Saengthong.
- Les îles Surin, autre site classé, sont soumises à la même interdiction annuelle pour les mêmes raisons.
Outre ces préoccupations humaines, l’objectif central demeure de permettre à la nature de souffler. Les mois de fermeture coïncident avec une période de vulnérabilité écologique maximale, où la moindre pression additionnelle pourrait aggraver la dégradation des habitats marins déjà fragilisés.
Un sanctuaire marin sous pression : menaces sur la biodiversité locale #
L’intérêt croissant pour les plages poudrées et les récifs coralliens des Similan génère une fréquentation touristique massive, estimée à plus de 100 000 visiteurs annuels avant la pandémie de 2020, selon les chiffres du Tourism Authority of Thailand. Cette affluence met à rude épreuve la capacité de résilience d’un écosystème extrêmement riche, mais aussi hypersensible à la moindre perturbation.
- L’érosion rapide des plages, liée au piétinement et à l’exploitation des sentiers, fragilise la flore littorale, dont le Pandanus odoratissimus (arbre typique).
- Les récifs coralliens du parc national Mu Ko Similan, classés parmi les plus beaux d’Asie, subissent régulièrement des épisodes de blanchiment liés aux changements de température et à la pollution anthropique.
- La pollution plastique, issue notamment des déchets laissés par les bateaux de plongée et visiteurs, porte atteinte aux populations de tortues vertes (Chelonia mydas), d’otaries de Java et de poissons-perroquets.
- Les espèces rares, telles que la raie manta géante ou le requin-léopard, se font plus discrètes lors des pics touristiques, fragilisant ainsi l’attrait de la destination pour les naturalistes.
Limiter l’impact humain pendant la pause annuelle contribue donc à la régénération de ces habitats marins, condition sine qua non pour perpétuer la diversité biologique exceptionnelle de la région.
Mesures actives pendant la fermeture : restauration et surveillance écologique #
Durant la trêve saisonnière, toute activité touristique y compris la plongée sous-marine, les excursions et l’hébergement, est strictement interdite. Cette accalmie permet aux équipes du Parc National Mu Ko Similan de se concentrer sur les missions de restauration et de surveillance, devenues cruciales pour la santé des écosystèmes.
- Missions de nettoyage approfondi : collecte des déchets sur les plages et sous l’eau, en partenariat avec la Fondation du Prince Mahidol et des ONG environnementales thaïlandaises.
- Surveillance renforcée : patrouilles de gardes, appuyées par des technologies de géolocalisation (drones, GPS) pour détecter les pêcheurs illégaux ou les intrusions non autorisées.
- Replantation de coraux : collaboration avec l’Université de Chulalongkorn pour des projets pilotes de restauration corallienne sur les sites de Donald Duck Bay et West of Eden, utilisant des boutures issues de colonies locales résilientes.
- Observation de la faune : suivi des pontes de tortues imbriquées (Eretmochelys imbricata) et recensement de la fréquentation des dauphins à long bec (Stenella longirostris).
Ce travail de l’ombre, rarement perçu par le grand public, conditionne pourtant la capacité des îles à rebondir à chaque nouvelle saison touristique.
Conséquences pour les activités touristiques et accès à la région #
La fermeture stricte imposée par les autorités thaïlandaises impacte l’ensemble de la filière touristique de la région de Phang Nga et, plus largement, du segment Mer d’Andaman. Les répercussions touchent à la fois les opérateurs de plongée, les compagnies de speedboats, les hébergements sur Khao Lak et les agences réceptives basées à Phuket.
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- Suspension des circuits : Sea Bees Diving, principal acteur de la plongée locale, interrompt totalement ses offres « liveaboard » (croisières-plongée) de mai à octobre. Les excursions à la journée proposées par Love Andaman et Wow Andaman sont annulées sur la même période.
- Fermeture des hébergements : Les bungalows publics sur Ko Miang ou les aires de camping gérées par le parc ne sont accessibles qu’entre 15 octobre et 15 mai.
- Redirection des flux : La fermeture entraîne une réorientation vers d’autres destinations, comme Koh Tao dans le Golfe de Thaïlande ou Koh Lipe plus au sud, dont les saisons diffèrent.
Les visiteurs restent informés via une plateforme officielle, tandis que les autorités locales intensifient la communication sur les bonnes pratiques et les alternatives durant la mousson. L’ouverture officielle se fait en octobre, avec un engouement renouvelé pour les eaux turquoise et les sites de plongée emblématiques tels que Elephant Head Rock ou Richelieu Rock.
L’après-fermeture : vers un tourisme plus respectueux et régulé #
Chaque réouverture des îles Similan marque l’introduction de nouvelles mesures destinées à réguler la fréquentation et à préserver l’équilibre écologique. Depuis 2021, les autorités du Département des Parcs Nationaux ont instauré des quotas stricts de visiteurs, limitant le nombre d’entrées quotidiennes à 3 325 personnes pour la plongée et 525 pour les séjours de nuit.
- Billetterie électronique obligatoire : La réservation des accès s’effectue désormais en ligne, via la plateforme officielle du parc, ce qui permet un contrôle rigoureux et en temps réel de la fréquentation.
- Encadrement par des guides certifiés : Pour chaque excursion, la présence de guides naturalistes diplômés est exigée, assurant un respect scrupuleux des écosystèmes sensibles.
- Interdiction des plastiques à usage unique : Les opérateurs partenaires, comme Siam Adventure World, se sont engagés à bannir les bouteilles et sacs non biodégradables sur toutes leurs sorties.
- Sanctions dissuasives : Des amendes de jusqu’à 100 000 bahts (soit environ 2 700 euros) sont prévues en cas de non-respect de la réglementation environnementale, notamment pour les infractions liées au mouillage sur les coraux ou à la collecte de spécimens.
Ce virage réglementaire s’inscrit dans une stratégie nationale de tourisme durable portée par des figures comme Yuthasak Supasorn, Directeur du Tourism Authority of Thailand. L’enjeu est d’assurer la transmission de ce patrimoine d’exception à la fois aux voyageurs d’aujourd’hui et aux générations futures.
À notre sens, le modèle de gestion des îles Similan illustre la voie à suivre pour toutes les destinations insulaires menacées par la saturation touristique mondiale. Prioriser la régénération écologique via des fermetures saisonnières ciblées, investir dans la technologie pour réguler les flux, et responsabiliser l’ensemble de la chaîne touristique forment un triptyque incontournable, déjà repris lors de conférences internationales comme l’Asia Pacific Ecotourism Conference (APEC) de Bangkok en 2023.
Plan de l'article
- Îles Similan : une fermeture annuelle pour régénérer un écrin marin menacé
- Pourquoi les îles Similan ferment-elles chaque année durant la mousson ?
- Un sanctuaire marin sous pression : menaces sur la biodiversité locale
- Mesures actives pendant la fermeture : restauration et surveillance écologique
- Conséquences pour les activités touristiques et accès à la région
- L’après-fermeture : vers un tourisme plus respectueux et régulé